Un hiver qui le laisse à bout de force. Paolo Cognetti est un jeune écrivain milanais, amoureux de New-York et... de la montagne. En contemporain de Christopher McCandless, nourri au biberon de Kerouack et Jack London, il ne voyait plus qu'une solution à son désarroi : la retraite dans les bois. L'ermitage en moyenne montagne. Vous sentez l'ironie ?
C'est qu'en entamant les premières pages du Garçon sauvage, on imaginait plutôt ce citadin branché victime d'une crise de panique une fois perdu le signal de réception de son smartphone. On craignait les postures idéalistes. Bien sûr, le jeune homme est un bel utopiste. Sinon comment abandonner veau, vache, cochon pour aller s'isoler dans les bois ? Mais force est de constater que son récit ne bascule pas dans les effets de manche : « comme ermite je ne valais pas un clou : j'étais monté là-haut pour rester seul et je n'arrêtais de me chercher des amis », assume-t-il bien en évidence sur le rabat de la couverture de son ouvrage.
Ce livre n'est donc pas celui d'une renaissance mais bien d'une expérience. D'une utopie qui nous a certainement déjà tous traversé l'esprit : se reconnecter à la nature, revenir à une supposée essence de la vie. Mais en bons enfants du 20e siècle, l'idéal de l'homme des bois se révèle bien dur à assumer.
Voilà réflexions de l'auteur souvent abouties. Un récit qui passe de l'enchantement au désarroi, une bascule des sentiments que sait si bien infliger la solitude. On évolue entre son expérience, ses souvenirs d'enfance dans le Val d'Aoste et la réalité sa vie d'adulte, jusque-là bien citadine. Paolo Cognetti nous livre ici un témoignage sans concession sur l'expérience de l'ermite. Ermite ? L'homme n'est-t-il pas un animal social ?
Le Garçon sauvage
Paolo Cognetti
Editions Zoe
15€
